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Unistaja

27 septembre 2006

Passe, demeure...

K_ikNous sommes entrés dans nos vies il y a tout juste deux semaines aujourd'hui. Je viens de m'en rendre compte. Deux semaines, c'est peu, et les moments que nous avons passés se limitent à quelques heures. Le ciel était clair, dégagé, et moi qui m'emporte toujours, bon gré mal gré, je voulais présager du meilleur. Pourtant, l'image s'est tout à coup a perdu ses couleurs dans un train de banlieue, lorsque mon téléphone a sonné à la sortie des examens. Ces nouvelles sont toujours autant de choc et de remises en question, quoi que l'on y fasse. Il y avait trop de monde. Je voulais crier, je voulais pleurer, mais je ne pouvais pas. Le flot d'hommes, de femmes, qui avaient déjà compris la teneur de tes paroles et me regardaient du coin de l'œil, me l'interdisait. Aucune alternative à celle de faire bonne figure. Aucun soulagement au moment où la douleur n'est pas la plus forte, mais la plus aiguë.

Les rencontres entre les gens sont toujours légitimes, qu'elles aient lieu dans un bar, dans le métro, dans la rue ou ailleurs. Certaines sont plus incertaines que d'autres, mais qu'à cela ne tienne, l'espoir revient au galop. Il n'est pas réellement de choix. Le cerveau s'emballe, incapable de garder plus de raison, on se prend à rêver de partage, d'instants magiques que rien ne pourra troubler. On finit par ne plus écouter les conseils de nos bons amis. La moindre chose prend une signification. Le chahut intérieur est complet.

C'est ce qui m'est arrivé avec toi. Tu as débarqué, les yeux rayonnants, le cœur ouvert, le sourire aux lèvres, ancré dans le présent. Tu étais naturel et sincère, sans armes et sans trop de protection. Les discussions se sont enchaînées sans peine, ont glissé comme le fil dans le chas d'une aiguille. J'avais débarqué de mon Nord plus vite que je ne l'aurais cru. Une petite voix m'avait conduit à avancer notre rendez-vous. Cela serait dimanche et non plus mercredi ! Tu étais d'accord. J'étais presque surpris. Tu as su étrangement m'étonner dès les premiers mots. Aucun silence ennuyé, un rire et une sincère assurance. Mes courses, c'était un peu du n'importe-quoi : je n'avais pas oublié comment faire un repas organisé. Attention, il fallait que je fasse ça comme il se doit - entrée, plat, dessert et ne rien oublié. Résultat: pas de vin, même pas d'eau. À croire que mon inconscient n'en voyait pas la nécessité !

Mais c'était beau tout ça. Lorsque tu as trouvé ma petite demeure, j'ai pu, par la fenêtre à l'étage, apercevoir tes mains sur le volant. Je t'ai guidé par téléphone jusqu'au parking et je me suis simplement dit: "Ca y est !" Une courte phrase pour se donner de la contenance, c'est toujours utile. J'ai comme appris, que ce n'est pas dans ce genre de moments que les grands philosophes ont dû pondre leurs plus belles théories. Ton visage s'est fait plus distinct sur la route fraîchement refaite, et ton regard m'a ôté toute crainte. J'étais porté.

Nous avons écouté de la musique, beaucoup de musique. C'est joli Mahler, c'est doux Ravel, quand ils jouent pour nous. Les heures s'égrénaient. Chaque minute qui passait nous rapprochait d'un centimètre. Tu m'as confié que tu te sentais bien, m'a demandé si je t'avais ouvert la porte. J'ai acquiescé. Tu étais charmé et me le montrais. Tes yeux se sont doucement arrêtés sur moi et je ne les ai plus quittés depuis. Tant de vérité et de sincérité. Un baiser, un tout petit. Pas de ceux qui veulent vous emprisonner, un unique petit sceau de douceur. Tes gestes étaient à la mesure de tout le reste, ils reflétaient ta belle espièglerie dans une vague générale de tendresse pure.

Tu n'es pas encore réapparu, pas en personne, seulement en rêve ou dans les marques imprimées sur mon corps. Tous ces chemins que tu y as tracés lentement, d'une main frêle qui faisait frissonner, sont encore là. Je vois toujours ces doux sillons, je les redessine de ma propre main pour ne pas qu'ils s'effacent, mes doigts t'y cherchent inlassablement. L'effet n'est pas le même, l'alchimie est absente, et ton souffle. Ton souffle, lui, je ne saurais l'imiter, ce chef d'orchestre qui battait la mesure, ce météorologue qui prédisait mon temps.

Le temps. Me voilà pour un temps contraint à un passé que je voudrais présent. Je serais anglais, j'opterais d'emblée avec toi pour le présent d'habitude. Une fois les mots inscrits, gravés, ils ne s'estompent plus. Je maitrîse les sens, tu guides les miens. Je connais l'espace aérien des rêves, tu vogues sur les ondes. Nous devrions nous retrouver. Dans un cri silencieux, je l'espère, toujours mieux, toujours plus fort.

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